"Bienaventurados aquellos a quienes satisface la vida, los que se divierten, los que están contentos", así abre Maupassant el artículo que escribió sobre Al revés en Gil Blas. La historia literaria en general ha sido dura con la escuela naturalista. Huysmans fue glorificado por haberse liberado de su yugo y, sin embargo, el artículo de Maupassant es mucho más profundo y sensible que el que Bloy escribió en la misma época en Le chat noir. Incluso las objeciones de Zola, al releerlas, parecen bastante sensatas; es cierto que Des Esseintes, psicológicamente, es el mismo de la primera a la última página, que en ese libro no ocurre nada y ni siquiera podría ocurrir, que en cierto sentido la acción es nula; no es menos cierto que Huysmans no podía en ningún caso continuar Al revés, que esa obra maestra era un callejón sin salida; ¿pero no es ése el caso de todas las obras maestras? Después de semejante libro, Huysmans ya no podía ser un naturalista y eso fue sobre todo lo que retuvo Zola, al contrario que Maupassant, más artista, que valoraba en primer lugar la obra maestra.
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De "El País":
Desde que descubrí que nada hay tan aburrido como la diversión, evito frecuentar lugares a los que antes iba. Y eso ha ido modelando mi carácter como el mar esculpe una roca. Casi sin darme cuenta me he ido acercando a Des Esseintes, personaje principal de Al revés (À rebours) de Joris-Karl Huysmans, un tipo que descubre un día el inmenso sopor que se esconde detrás de la alegría absurda de toda jarana y decide abandonar su festiva ciudad. Dejarla tiene su mérito, porque vive en el mejor París de todos los tiempos, en el París de finales del siglo XIX, capital en aquellos días del arte y del universo supuestamente más civilizado.
En busca de una vida más intensa, Des Esseintes decide abandonar su Faubourg Saint-Germain (es decir, el mundo) y recluirse en las afueras de la ciudad, en una mansión de Fontenay-aux-Roses, que decora de acuerdo con sus gustos excéntricos y que convierte en un sitio en el que se dedica a explorar toda clase de manifestaciones artísticas (muy especialmente libros, cuadros y perfumes), hasta que algo no previsto clausura su paraíso artificial.
Leí el libro de Huysmans hace años sin que me dejara huella alguna. Creo que no lo entendí porque me fijé sólo en su lado diabólico y en su vistosa afición al reverso, en su voluntad de ira contrapelo. Su relectura, en cambio, me está dejando huella, incluso dejando extrañamente muy animado, como si hubiera conocido de golpe la dimensión depravada de ciertas fiestas privadas. La tercera persona a la que recurre Huysmans para narrar el profundo rechazo y el tedio del egoísta Des Esseintes no es en realidad más que una máscara que encubre al propio autor. Como escribiera en su momento Beatriz Trabarais, "Des Esseintes era simplemente el Mister Hyde del futuro trapense Huysmans, del que sólo podía librarse para salvarse como escritor, y quizá como hombre, expulsándolo fuera de sí mediante la escritura y reconociendo de este modo la presencia fantasmal de su doble". (....)
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Par delà
Heureux ceux que satisfait la vie, ceux qui s’amusent, ceux qui sont contents.
Il est des gens qui aiment tout, que tout enchante. Ils aiment le soleil et la pluie, la neige et le brouillard, les fêtes et le calme de leur logis, tout ce qu’ils voient, tout ce qu’ils font, tout ce qu’ils disent, tout ce qu’ils entendent.
Ceux-ci mènent une existence douce, tranquille et satisfaite au milieu des enfants. Ceux-là ont une existence agitée de plaisirs et de distractions.
Ils ne s’ennuient ni les uns, ni les autres.
La vie, pour eux est une sorte de spectacle amusant dont ils sont eux-mêmes acteurs, une chose bonne et changeante qui, sans trop les étonner, les ravit.
Mais d’autres hommes, parcourant d’un éclair de pensée le cercle étroit des satisfactions possibles, demeurent atterrés devant le néant du bonheur, la monotonie et la pauvreté des joies terrestres.
Dès qu’ils touchent à trente ans, tout est fini pour eux. Qu’attendraient-ils? Rien ne les distrait plus; ils ont fait le tour de nos maigres plaisirs.
Heureux ceux qui ne connaissent pas l’écoeurement abominable des mêmes actions toujours répétées; heureux ceux qui ont la force de recommencer chaque jour les mêmes besognes, avec les mêmes gestes, les mêmes meubles, le même horizon, le même ciel, de sortir par les mêmes rues où ils rencontrent les mêmes figures et les même animaux. Heureux ceux qui ne s’aperçoivent pas avec un immense dégoût que rien change, que rien ne passe et que tout lasse.
Faut-il que nous ayons l’esprit lent, fermé et peu exigeant pour nous contenter de ce qui est. Comment se fait-il que le public du monde n’ait pas encore crié: « Au rideau ! », n’ait pas demandé l’acte suivant avec d’autres êtres que l’homme, d’autres formes, d’autres fêtes, d’autres plantes, d’autres astres, d’autres inventions, d’autres aventures.
Vraiment, personne n’a donc encore éprouvé la haine du visage humain toujours pareil, la haine du chien qui rôde par les rues, la haine surtout du cheval, animal horrible monté sur quatre perches et dont les pieds ressemblent à un champignon.
C’est de face qu’il faut voir un être pour en juger la plastique. Regardez de face un cheval, cette tête informe, cette tête de monstre plantée sur deux jambes minces, noueuses et grotesques! Et quand elles traînent des fiacres jaunes, ces affreuses bêtes, elles deviennent des visions de cauchemar.
Où fuir pour ne plus voir ces choses vivantes ou immobiles, pour ne pas recommencer toujours, toujours, tout ce que nous faisons, pour ne plus parler et pour ne plus penser?
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Vraiment nous nous contentons de peu. Est-ce possible que nous soyons joyeux, rassasiés? Que nous ne nous sentions pas sans cesse ravagés par un torturant désir de nouveau, d’inconnu?
Que faisons-nous? A quoi se bornent nos satisfactions?
Regardons les femmes surtout. Le plus grand mouvement de leur pensée consiste à combiner les couleurs et les plis des étoffes dont elles cacheront leur corps pour le rendre désirable. Quelle misère!
Elles rêvent d’amour. Murmurer un mot, toujours le même, en regardant au fond des yeux un homme. Et voilà tout. Quelle misère!
Et nous que faisons-nous? Quels sont nos plaisirs?
Il est, paraît-il, délicieux de se tenir d’aplomb sur le dos d’un cheval qui court, de le faire sauter au-dessus des barrières, de savoir lui faire exécuter des mouvements quelconques avec des pressions de genou?
Il est, paraît-il, délicieux de parcourir les bois et les champs avec un fusil dans les mains, et de tuer tous les animaux qui s’enfuient devant vos pas, les perdrix qui tombent du ciel en semant une pluie de sang, les chevreuils aux yeux si doux, qu’on aimerait caresser, et qui pleurent comme des enfants?
Il est, paraît-il, délicieux de gagner ou de perdre de l’argent en échangeant, avec un autre homme, des petits cartons de couleur, suivant des règles acceptées? On passe des nuits à ces jeux, on les aime d’une façon désordonnée!
Il est délicieux de sauter en cadence ou de tourner en mesure avec une femme entre les bras? Il est délicieux de poser sa bouche sur les cheveux de cette femme quand on l’aime, ou même sur le bord de ses vêtements. Voilà tous nos grands plaisirs? Quelle misère!
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D’autres hommes aiment les arts, la Pensée! Comme si elle changeait la pensée humaine!
La peinture consiste à reproduire avec des couleurs les monotones paysages sans qu’ils ressemblent même jamais à la nature, à dessiner des hommes, toujours des hommes, en s’efforçant, sans y jamais parvenir, de leur donner l’aspect des vivants. On s’acharne ainsi, inutilement, pendant des années, à imiter ce qui est; et on arrive à peine, par cette copie immobile et muette des actes de la vie, à faire comprendre aux yeux exercés, ce qu’on a voulu tenter.
Pourquoi ces efforts ? Pourquoi cette imitation vaine ? Pourquoi cette reproduction banale des choses si tristes par elle-mêmes? Misère !
Les poètes font avec des mots ce que les peintres essayent avec des nuances. Toujours pourquoi ?
Quand on a lu les quatre plus habiles, les quatre plus ingénieux, il est inutile d’en ouvrir un autre. Et on ne sait rien de plus. Ils ne peuvent, eux aussi, ces hommes, qu’imiter l’homme ! Ils s’épuisent en un labeur stérile. Car l’homme ne changeant pas, leur art est immuable. Depuis que s’agite notre courte pensée, l’homme est le même; ses sentiments, ses croyances, ses sensations sont les mêmes, il n’a point avancé, il n’a point reculé, il n’a point remué. A quoi me sert d’apprendre ce que je suis, de lire ce que je pense, de me regarder moi-même dans les banales aventures d’un roman ?
Ah! si les poètes pouvaient traverser l’espace, explorer les astres, découvrir d’autres univers, d’autres êtres, varier sans cesse, pour mon esprit, la nature et la forme des choses, me promener sans cesse dans un inconnu changeant et surprenant, ouvrir des portes mystérieuses sur des horizons inattendus et merveilleux, je les lirais jour et nuit. Mais ils ne peuvent, ces impuissants, que changer la place d’un mot, et me montrer mon image, comme les peintres. A quoi bon?
Car la pensée de l’homme est immobile.
Les limites précises, proches, infranchissables une fois atteintes, elle tourne comme un cheval dans un cirque, comme une mouche dans une bouteille fermée voletant jusqu’aux parois où elle se heurte toujours. Nous sommes emprisonnés en nous-mêmes, sans parvenir à sortir de nous, condamnés à traîner le boulet de notre rêve sans essor.
Tout le progrès de notre effort cérébral consiste à constater des faits insignifiants au moyen d’instruments ridiculement imparfaits qui suppléent cependant, un peu à l’incapacité de nos organes. Tous les vingt ans, un pauvre chercheur qui meurt à la peine, découvre que l’air contient un gaz encore inconnu, qu’on dégage une force impondérable, inexplicable et inqualifiable en frottant de la cire sur du drap, que parmi les innombrables étoiles ignorées, il s’en trouve une qu’on n’avait pas encore signalée dans le voisinage d’une autre, vue et baptisée depuis longtemps. Qu’importe ?
Nos maladies viennent de microbes ? Fort bien. Mais d’où viennent les microbes ? Et les maladies de ces invisibles eux-mêmes? Et les soleils, d’où viennent-ils ?
Nous ne savons rien, nous ne voyons rien, nous ne pouvons rien, nous ne devinons rien, nous n’imaginons rien, nous sommes enfermés, emprisonnés en nous. Et des gens s’émerveillent du génie humain !
Notre mémoire ne peut même pas contenir le dix-millième des confuses et misérables observations faites par nos savants et enregistrées dans des livres. Nous ne savons même pas constater notre faiblesse et notre incapacité; car, ne faisant que comparer l’homme à l’homme, nous mesurons mal son impuissance générale et définitive.
Il n’est pas de remède. Les uns voyagent. Ils ne veront jamais autre chose que des hommes, des arbres et des animaux.
C’est en voulant aller loin qu’on comprend bien comme tout est proche, et court et vide. C’est en cherchant l’inconnu qu’on s’aperçoit bien comme tout est médiocre et vite fini. C’est en parcourant la terre qu’on voit bien comme elle est petite et toujours pareille.
Heureux ceux dont les appétits sont proportionnés aux moyens, qui vivent satisfaits de leur ignorance et de leur plaisirs, ceux que ne soulèvent point sans cesse des élans impétueux et vains vers l’au-delà, vers d’autres choses, vers l’immense mystère de l’inexploré !
Heureux ceux qui s’intéressent encore à la vie, qui la peuvent aimer ou supporter.
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Le romancier J.-K. Huysmans, dans son livre stupéfiant, qui a pour titre A Rebours, vient d’analyser et de raconter, de la façon la plus ingénieuse et la plus imprévue, la maladie d’un de ces dégoûtés.
Son héros, Jean des Esseintes, ayant touché à tous les plaisirs, à toutes les choses réputées charmantes, à tous les arts, à tous les goûts, trouvant insipide la vie, odieuses les heures monotones et semblables, se fabrique, à force d’imagination et de fantaisie, une existence absolument factice, absolument cocasse, vraiment à rebours de tout ce qu’on fait ordinairement.
Voici d’abord, pour donner l’idée de l’état d’esprit de ce singulier personnage:
— Il songeait simplement à se composer, pour son plaisir personnel, et non plus pour l’étonnement des autres, un intérieur confortable et paré néanmoins d’une façon rare, à se façonner une installation curieuse et calme, appropriée aux besoins de sa future solitude.
...Lorsqu’il ne resta plus qu’à déterminer l’ordonnance de l’ameublement et du décor, il passa de nouveau en revue la série des couleurs et des nuances.
Ce qu’il voulait, c’étaient des couleurs dont l’expression s’affirmât aux lumières factices des lampes...
Lentement, il tira, un à un, les tons.
...Ces couleurs écartées, trois demeuraient seulement: le rouge, l’orangé, le jaune.
A toutes, il préférait l’orangé, confirmant ainsi, par son propre exemple, la vérité d’une théorie qu’il déclarait d’une exactitude presque mathématique: à savoir qu’une harmonie existe entre la nature sensuelle d’un individu vraiment artiste et la couleur que ses yeux voient d’une façon plus spéciale et plus vive.
En négligeant en effet le commun des hommes dont les grossières rétines ne perçoivent ni la cadence propre à chacune des couleurs, ni le charme mystérieux de leurs dégradations et de leurs nuances; en négligeant aussi ces yeux bourgeois insensibles à la pompe et à la victoire des teintes vibrantes et fortes; en ne conservant plus alors que les gens aux pupilles raffinées, exercées par la littérature et par l’art, il lui semblait certain que l’oeil de celui d’entre eux qui rêve d’idéal, qui réclame des illusions, sollicite des voiles dans le coucher, est généralement caressé par le bleu et ses dérivés, tels que le mauve, le lilas, le gris de perle, pourvu toutefois qu’ils demeurent attendris, et ne dépassent pas la lisière où iIs aliènent leur personnalité et se transforment en de purs violets ou de francs gris.
...Enfin, les yeux des gens affaiblis et nerveux, dont l’appétit sensuel quête des mets relevés par les fumages et les saumures, les yeux des gens surexcités et étiques chérissent, presque tous, cette couleur irritante et maladive, aux splendeurs fictives, aux fièvres acides: l’orangé
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Alors, par une suite de transpositions, de tromperies voulues de l’oeil, de l’odorat, de l’ouïe, Jean des Esseintes se procurait une série de sensations déplacées, à rebours, qui prenaient pour lui un charme subtil, raffiné, pervers dans la déviation même des organes trompés et des instincts dévoyés.
Ainsi « le mouvement lui paraissait inutile (pour voyager) et l’imagination lui semblait pouvoir aisément suppléer à la vulgaire réalité des faits ».
Du moment que les vins habilement travaillés vendus dans les restaurants renommés trompent les gourmets, au point que le plaisir éprouvé par eux en dégustant ces breuvages altérés et factices est absolument identique à celui qu’ils goûteraient en savourant le vin naturel et pur, pourquoi ne pas transporter cette captieuse déviation, cet adroit mensonge dans le domaine de l’intellect. Nul doute qu’on ne puisse alors, et aussi facilement que dans le monde matériel, jouir de chimériques délices, semblables, en tous points aux vraies, et même beaucoup plus séduisantes pour un esprit désabusé par cela même qu’elles sont factices.
« Donc, à son avis, il était possible de contenter les désirs réputés les plus difficiles à satisfaire dans la vie normale et cela par un léger subterfuge, par une approximative sophistication de l’objet poursuivi par ces désirs mêmes. »
Alors, commence une série d’expériences bizarres et cocasses.
— « Comme il le disait, la nature a fait son temps ; elle a définitivement lassé, par la dégoûtante uniformité de ses paysages et de ses ciels, l’attentive patience des raffinés. Au fond quelle platitude de spécialiste confiné dans sa partie, quelle petitesse de boutiquière tenant tel article à l’exclusion de tel autre, quel monotone magasin de prairies et d’arbres, quelle banale agence de montagnes et de mers ! »
Que fait-il ? Il voyage, par exemple, au moyen des odeurs :
« Actuellement, il voulut vagabonder dans un surprenant et variable paysage et il débuta par une phrase sonore, ample, ouvrant tout à coup une échappée de campagnes immenses.
« Avec ses vaporisateurs, il injecta dans la pièce une essence formée d’ambroisie, de lavande, de mitcham, de pois de senteur, de bouquet, une essence qui, lorsqu’elle est distillée par un artiste, mérite le nom qu’on lui décerne, ’d’extrait de pré fleuri’; puis, dans ce pré, il introduisit une précise fusion de tubéreuse, de fleur d’oranger et d’amande, et aussitôt d’artificiels lilas naquirent, tandis que des tilleuls s’éventèrent, rabattant sur le sol leurs pâles émanations que simulait l’extrait de tilia de Londres... »
Avec des odeurs de produits chimiques, il évoque une ville d’usines, des ports de mer avec des senteurs marines et goudronneuses ; il rappelle les jardins en fleurs, change de latitude, fait naître en sa pensée « une nature démente et sublimée, pas vraie et charmante, toute paradoxale, réunissant les piments des tropiques, les souffles poivrés du santal de la Chine et de l’hédiosma de la Jamaïque aux odeurs françaises du jasmin, de l’aubépine et de la verveine, poussant en dépit des saisons et des climats, des arbres d’essences diverses, des fleurs aux couleurs et aux fragrances les plus opposées, créant par la fonte et le heurt de tous ces tons, un parfum général, innomé, étrange, dans lequel reparaissait, tel qu’un obstiné refrain, la phrase décorative du commencement, l’odeur du grand pré éventé par les lilas et les tilleuls. »
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Je ne pourrais tenter l’analyse complète du livre de Huysmans, de ce livre extravagant et désopilant, plein d’art, de fantaisie bizarre, de style pénétrant et subtil, de ce livre qu’on pourrait appeler « l’histoire d’une névrose ».
Mais pourquoi donc ce névrosé m’apparaîtrait comme le seul homme intelligent, sage, ingénieux, vraiment Idéaliste et poète de l’univers, s’il existait ?
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El derecho a canibalizar la vida de los demás
En un artículo publicado por Maupassant en junio de 1883 en Gil Blas,inédito hasta hoy en español y recientemente recuperado en una antología de textos, se comenta cierta cuestión que, casi ciento cincuenta años después, no sólo no ha perdido su vigencia sino que parece haber sido escrita al hilo de los acontecimientos más recientes. El diario alemán Bild destapaba el caso haciendo saber que a uno de los mineros chilenos se le había hecho llegar (cuando aún estaba bajo tierra) un contrato por valor de 40.000 dólares a cambio de la exclusividad de sus declaraciones durante 72 horas. La cultura, dice Maupassant, como no podía ser de otra forma, siempre se ha alimentado caníbalmente de las vidas ajenas. Y no digamos los medios. Nuestra fascinación por el biopic, por los poemas (un tanto chuscos) y póstumos de Marilyn, por la confesión, nuestra sed de intimidad ajena, de secreto ajeno, del porno ajeno, pone de manifiesto dos cuestiones claras y en cierto modo contrapuestas; por un lado, que todos nos sentimos con derecho a juzgar y, por otro, que nadie parece saber vivir a derechas su propia vida y necesita devorar cómo otras personas, en el cerco privado de su intimidad, han resuelto lo que no hemos sabido resolver nosotros; el amor, la enfermedad, la soledad o la muerte. Más aún si esas personas han tenido una dimensión pública. Y más aún si se han demostrado poco solventes en esas lides.
Es curioso que Maupassant abogue tan sanamente por el derecho al canibalismo de la cultura. El artista tiene derecho a servirse de todo, a canibalizarlo todo. Cosa muy distinta es que tenga derecho a juzgarlo todo. Misterioso resulta también comprobar que la tan pintoneada sociedad laica, lejos de liberalizar los juicios, los haya promovido con tanta furia. Parece un contrasentido que cuanto más laicos nos hemos vuelto, más se haya desarrollado en nosotros, como sociedad y en todas sus manifestaciones (política, cultural y mediática), una vena moralista. Y como cada vez nos sentimos más acogotados entre lo que es conveniente y no decir, cada vez nos sentimos con más derecho a lapidar en la plaza pública a quien no ha dicho lo conveniente o a quien se ha reído de lo que no debía. "El día que sea posible representar en escena a un obrero deshonesto el teatro francés habrá demostrado su mayoría de edad", escribió Flaubert a Colette. Tanto se podría decir del cine español. El día en el que un artista español no tenga miedo de crear un personaje femenino que haya sufrido maltrato de género y sea, a la vez, una mala persona, habremos dado un paso de gigante, ya no estaremos representando discursos, sino personas. Canibalicemos pues la vida ajena como artistas, pero sin juzgarla, como exige Maupassant, y sin hacer entrar en nuestros libros la realidad a patadas en tres tópicos maltrechos. El canibalismo, tratado así, bien puede convertirse en una de las bellas artes.
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